Arles, L’Aubergine rouge

Depuis la gare, il faut longer le Rhône sur environ 700 mètres vers le sud, puis tourner à gauche après le deuxième pont. Rue du Dr Waldeck Rousseau, j’oublie toujours le numéro mais je connais la porte ; c’est la rouge, bordée de lierre et de vigne, celle où est suspendue une ardoise avec inscrit dessus « Bienvenue » et le prénom des voyageurs arrivants. Au bout d’un long couloir, une cuisine s’ouvre sur un patio, il y a une fontaine, une glycine, et une tente sur une mezzanine ; ici la vie est emmêlée aux feuilles, à la fraicheur constante qu’exhalent les tomettes, les murs de pierre, les carreaux de ciment. A la croisée des chemins de Compostelle, la vie à L’Aubergine rouge s’emmêle surtout aux rencontres,  aux histoires racontées dans toutes les langues et selon l’heure, aux odeurs d’Arabica, de plats mijotés, ou de tortillons à moustiques. C’est un lieu de passage où ma solitude ressemble à celle de certains chats ; si le contact de l’autre est accepté, parfois tout juste toléré, sa présence est essentielle. Ici j’ai de la place pour tout, pour le rien, le peut-être, le si seulement, le plus jamais,  pour les joies ordinaires, inattendues, rock’n roll.

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